Vers un autre développement
L'autre développement : un essai lié à des réflexions et analyses sur
notre positionnement par rapport à la décroissance et au développement
durable dans la jungle des concepts...Comment soutenir une politique
écologique responsable ? La décroissance interpelle (et c'est son argument
fort), le développement durable montre ses limites, la croissance n'est
pas partagée, quelques pistes pour y voir plus clair :vers un autre
développement ? La question traverse notre mouvement, qu'importe
l'appellation, pourvu que les avancées sociales servent la cause
écologique et réciproquement.
- pour une alternative au développement économique à 2 vitesses Nord/Sud
- pour un autre développement basé sur les solidarités locales et
internationales
L'alter développement induit un développement humain et une remise en
cause de la croissance économique destructrice. L'alter développement,
c'est aussi le partage des richesses et l'abolition de la dette pour les
pays du Sud. L'alter développement pose la question d'un développement
équilibré de la planète, la préservation des ressources et s'intègre donc
dans l'après développement. Il met la question de l'aide au développement
comme une préoccupation essentielle pour remédier aux déséquilibres
internationaux accentués par les politiques des grandes institutions
dominatrices (FMI, Banque mondiale, OMC...). Le refus du productivisme
effréné est la base de ce projet et il s'applique particulièrement à
l'activité agricole pour préserver la paysannerie, conserver nos paysages
et la biodiversité. Il s'agit de mesurer la finitude des ressources
terriennes et prendre en compte de l'avenir, la « préservation de
l'avenir de la collectivité humaine » dit A. Jacquard « à l'opposé de
l'attitude libérale qui délibérément tient compte des intérêts immédiats
». L'efficacité industrielle a bousculé les choses car elle ne respecte
pas le rythme de renouvellement des ressources. Théodore Monod et René
Dumont avaient sonné l'alerte en leur temps, les intellectuels sont peu
nombreux à reprendre le flambeau, Nicolas Hulot est devenu l' icône
médiatique rompu aux lois des lobbies qui se rachètent une image et une
conscience (Rhône Poulenc, EDF, TF1).
Un des défis de l'altermondialisation et essentiel pour notre avenir c'est
la question écologique, souvent sousestimée, qui nécessite des mesures
urgentes et fortes. Le phénomène d'irréversibilité pose la notion du
devenir de la planète, de l'humanité et la menace d'asphyxie généralisée.
Les problèmes rencontrés sont aujourd'hui à une échelle mondiale et en
particulier ceux liés à la détérioration environnementale et humaine. Car
« un environnement négligé et dégradé menace notre cadre de vie et porte
atteinte à la santé. La lutte contre le cancer nécessite la connaissance
des agents chimiques présents dans notre environnement. Elle exige une
meilleure protection de nos concitoyens qui y sont exposés dans leur
milieu professionnel ou leur cadre de vie » dixit Chirac dans sa
correspondance avec le Pr Belpomme. L'heure est à la dépollution : air,
terre, eau, alimentation. Il faut une politique volontariste pour accepter
un autre développement écologique respectueux de l'homme. L'enjeu est de
moins polluer pour diminuer la fréquence des maladies actuelles et
retarder les manifestations de l'effet de serre. L'application du
protocole de Tokyo (février 2005) est une première phase qui doit conduire
à une prise de conscience globale et à une réaction individuelle
d'éco-citoyenneté. Une réduction drastique de nos émissions doit être
soutenue dans la durée, accompagnée de campagnes de sensibilisation et
d'action. La société de consommation doit être décrédibilisée au profit
d'une consommation réduite et responsable (au niveau énergétique et
alimentaire). Une croissance économique fondée sur la qualité et non pas
une quantité produite, telle est la solution préconisée par le Pr
Belpomme. Mais dépolluer est plus difficile que polluer, il faut donc des
mesures politiques fortes pour inverser la tendance. Un enjeu important
s'offre aussi à la recherche technologique et dans l'industrie s'éloignant
du développement durable largement instrumentalisé. Développer des
énergies alternatives comme le solaire aujourd'hui en considérant la
diminution du potentiel des énergies fossiles (pétrole notamment) et
l'uranium. L'espoir peut venir d'un mouvement écologiste universel et de
la force montante de la société civile
. Car la conscience de la gravité de
la situation doit accélérer la prise de décision. Le 21 ème sera
écologique ou ne serons plus, telle est le bilan du Pr Belpomme qui met en
avant la survie de l'espèce humaine en dénonçant les maladies induites
directement ou indirectement par l'homme. Les maladies que nous fabriquons
sont multiples, certaines sont nouvelles, le cancer, les stérilités et les
maladies congénitales (génétique ou hormonale) auxquelles s'ajoutent les
maladies d'origine infectieuse, bactériennes (légionellose) ou virales
comme le sida, le SRAS et les maladies à prions (vache folle). Un autre
groupe est de nature métabolique avec les maladies cardiovasculaires liées
à l'athérome (cholestérol), l'hypertension artérielle, l'obésité et le
diabète. Le 4ème groupe concerne des maladies de nature toxique ou
allergique, avec les maladies respiratoires chroniques (comme l'asthme et
maladies de peau) alors que le 5ème comprend les maladies
neurosensorielles et neuropsychiques qui sont pour la plupart de nature
environnementale. « Il y a un divorce profond entre la puissance affichée
de notre médecine et l'extrême difficulté des recherches actuelles ». La
pollution atmosphérique multiplie les attaques, notre alimentation
provoque des dérèglements, les pesticides seraient responsables de
maladies du système nerveux et dégénérescences cérébrales. Nous payons
chaque jour la modification de l'ordre naturel, nos agressions et
provocations constantes contre la nature. L'imposture est de nature «
technico-économique et politique et du domaine de la société et du système
dans lequel nous vivons ».
De fait, les guerres, l'instabilité politique, la pauvreté, l'absence de
moyens et de véritable politique sanitaire expliquent que nombre de pays
en voie de développement dépendent des organismes internationaux ou ONG
pour lutter contre les maladies et épidémies. Dans les pays riches, la
santé publique est en crise, se pose le problème du financement (dépenses
en France de 10% du PIB), pourtant la santé est une priorité.
Le cancer est révélateur de la pollution de notre environnement, le
libéralisme non régulé nous projette dans un mur indolore au 1er abord.
L'état providence mis en place par les social-démocraties participe à la
démoralisation de la société moderne et à la non-responsabilisation selon
S. Latouche. L'enrichissement des pays du Nord est lié à l'appauvrissement
des pays du Sud. La croissance pour la croissance (libéralisme fondé sur
le profit) conduit à la pollution généralisée, l'épuisement des ressources
naturelles et elle retentit sur notre santé. L'homme considère que la
nature est une marchandise inépuisable et surconsomme. L'industrialisation
ne profite pas aux pays du Sud, la marchandisation de tous les biens se
répand. Nous exportons notre mode de vie, nos cancers d'origine chimique,
le tabac, l'alcool et les pesticides. Le pouvoir des multinationales est
croissant sous couvert de développement ou d'aide intéressée (voir
Monsanto en Afrique). La dette écologique du Nord est importante envers le
Sud qui devient la poubelle du Nord (Cogema au Niger, achat de droits de
polluer).
Il faudra concilier économie, écologie, santé et bien-être. De fait, le
principe de précaution doit être multiplié et la lutte contre les OGM
relayée par l'information par souci de transparence. Une indépendance des
médias et des instituts de contrôle doit être défendue échappant aux
lobbies. Les transnationales déterminent les choix de société, l'industrie
pharmaceutique est liée à l'industrie chimique. La production de
substances toxiques est considérée selon certains comme un crime contre
l'humanité. « La société cancérigène » de l'amiante et de l'agriculture
intensive (pesticides) a révélé les cancers professionnels.
Une mobilisation populaire, un contre pouvoir intellectuel sont des
éléments de construction d'un autre monde. Vouloir annuler la dette, c'est
participer au développement des pays du Sud en leur offrant une aide
désintéressée. Il faut traduire les paroles par des actes en faisant
pression sur les gouvernants, ne plus subir les sirènes économiques et les
lobbies industriels en refusant ce développement qui n'est pas durable. Un
volontarisme politique est nécessaire pour faire échec au fatalisme
ambiant. Pour y parvenir, il faudra admettre une rupture nette avec le
modèle de développement actuel qui passe par un sursaut citoyen et
international (malgré la position américaine) pour espérer des jours
meilleurs. Il nous revient à refonder un mode de développement dépassant
le capitalisme.
Les profits capitalistiques pour l'année 2004 sont énormes et augmentent
régulièrement : 9,6 milliards d'euros pour Total, 4,6 pour
BNP-Paribas...redistribution aux actionnaires, le capital est concentré
dans peu de mains, investissements à l'étranger (Chine, délocalisations).
Les actionnaires du CAC40 sont pour moitié français, pour moitié
étrangers, Microsoft redistribue 37milliards de dollars à ses
actionnaires. La France exploite probablement plus l'étranger que
l'étranger ne l'exploite via le CAC40, les profits bancaires sont très
importants (50% du chiffre en frais de gestion). La faiblesse des salaires
explique la faiblesse de la consommation et la faible croissance. Les
profits augmentent avec le chômage, la faiblesse des salaires est liée à
la montée du chômage. La seule bonne nouvelle pour Bernard Marris c'est
que le chômage limite la croissance et l'émission de GES, les USA émettent
25% des GES de la planète, la Chine 14% (en raison de sa croissance). Les
pays émergents (Inde, Chine, Brésil) en 2020 auront dépassé les pays de
l'OCDE, cette croissance est alimentée par les profits des multinationales
du Nord. L'idéal serait qu'elles investissent dans l'industrie propre :
séquestration de carbone, voiture propre, pile à combustible hydrogène,
biocarburants, solaire, photovoltaïque. La croissance chinoise est fondée
sur le charbon (le plus polluant) et le nucléaire, les USA réinvestissent
dans le nucléaire. Les ressources en uranium de même que pour le pétrole
n'excèdent pas 30 ans d'utilisation.
Les profits d'aujourd'hui sont le chômage d'aujourd'hui et les maladies de
demain. Mener une politique sociale aujourd'hui exige de considérer et de
concilier l'environnement pour assurer l'avenir du globe et de ses hommes
dans l'optique d'un développement équitable. L'exemple de l'amiante
(présent sur de nombreux lieux de travail) illustre la nécessité de
préservation de droits sociaux avec la qualité d'environnement.
Gwelan