LA PRESSE ALTERNATIVE
     
 
ROUGE ET VERT : LE JOURNAL DES ALTERNATIFS
Remonter ] n° 204 ] [ n° 203 ] n° 202 ] n° 201 ]

Article du numéro 205 (540)

CHRONIQUE DE NEGOCIATION

par Jean Jacques Boislaroussie

Le processus de négociation entre le PCF, les Alternatifs et d’autres collectifs et personnalités en vue d’une dynamique commune à l’occasion des élections européennes pouvant aboutir à un accord national a été d’une extrême complexité. Complexité dûe, pour l’essentiel, aux contradictions qui se sont exprimées au sein du PC.

Février mars

Un groupe de travail rassemblant des responsables du PC, des Alternatifs, de l’Alternative Citoyenne Ile-de-France, de MARS (dissidents du MRC), des experts et syndicalistes (Claude Debons, Yves Salesse…) travaille à une charte politique commune dont la version définitive sera mise en forme par Roger Martellli. Cette charte concrétise un réel approfondissement de la réflexion commune et de propositions sur une construction européenne alternative.

La question d’une présence en commun aux élections européennes est posée, les Alternatifs insistent d’emblée sur la nécessité de penser une démarche réellement pluraliste et d’écarter l’hypothèse d’une participation du MRC de nature à brouiller intégralement le message d’une dynamique commune.

La direction du PCF donne des gages de bonne volonté sur le premier point et ne s’engage pas sur le second.

Avril

Un protocole d’accord est esquissé : 3 à 4 têtes de listes dans les régions pour les composantes autres que le PCF, construction en commun de la campagne, biinômes associant dans chaque région non-membres du PCF et membres du PCF ; Les représentants des Alternatifs, de l’Alternative Citoyenne, Yves Salesse défendent ensemble ce cadre de constructionn d’une convergence nationale. Raoul Jennar, militant altermondialiste s’associe aux travaux.

Le passage aux travaux pratiques s’avère compliqué. La circonscription nord-ouest est d’emblée placée hors cadre de discussion : la direction du PCF n’est pas en mesure d’imposer aux communistes du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie de revenir sur leur choix de constituer une liste communiste « pur sucre », dans la continuité de leur démarche aux régionales.

Restent 6 circonscriptions métropolitaines, le travail accompli au Parlement européen par Françis Wurtz est largement reconnu et sa place en tête de liste en Ile-de-France jugée légitime. Yves Salesse est proposé pour une tête de liste en région Sud-Est, Claude Debons en région Centre, les Alternatifs proposent Aline Chitelman, militante syndicaliste et animatrice d’A.C. ! en Loire-Atlantique pour le Grand-Ouest, le nom de Raoul Jennar est également évoqué. Le MRC se retire a regret du processus.

Mai

La consultation des membres du PCF, après un Conseil National de tonalité ouverte, remet les pendules à l’heure : la conjonction des partisans de l’alliance étroite avec le PS et des courants les plus attachés au retour aux fondamentaux du parti aboutit à l’exigence de têtes de listes pour le PCF dans toutes les régions. La direction du parti, prise à contre-pied, tente de changer la donne en interne après le conseil national du 30 avril. Pendant quelques jours tout semble envisageable, des équipes fédérales du PCF (de l’Yonne à la Sarthe) dénoncent la logique de fermeture, la direction du PCF est peut être tentée d’en appeler à une conférence nationale pour relancer le débat, mais décide en définitive de ne pas s’engager dans cette voie. Les Alternatifs, Yves Salesse, Alternative Citoyenne prennent acte de l’impossibilité d’un accord national, MARS juge, au contraire, que la priorité est de s’enger dans une campagne commune même insatisfaisante.

Après une nouvelle consultation des adhérent-e-s, les Alternatifs prennent publiquement acte de l’impossibilité de l’accord national, du fait des contradictions internes du PCF et de la fermeture qui en découle.

Cette négociation nationale avortée aura permis de mesurer l’ampleur du phénomène d’éclatement/mutation du PCF, les scores électoraux aux Européennes risquant d’ailleurs d’accentuer le débat en raison de résultats très Incertains, notamment compte tenu de la multiplication des listes à gauche du PS.

Les Alternatifs ont agi dans le sens de l’ouverture, de la clarté, de la cohérence pour une démarche se situant clairement dans le camp d’une construction européenne alternative récusant le repli souverainiste comme l’alignement libéral. La démarche a été percutée par des considérations tenant au nécessaire renouvellement du champ politique, notamment sur la place d’un PCF en crise/mutation dans le champ de la recomposition. Ainsi, la voie peut être étroite entre la prise en compte nécessaire de l’accentuation sans précédent du débat d’orientation au sein du PCF et des potentialités que peut libérer ce phénomène, et le risque d’alignement sur les enjeux internes de ce parti dont ne sont pas exempts certains de nos partenaires.

Recomposer le champ politique et le renouveler : tenir les deux bouts d’e la chaîne ne va pas de soi

haut