COPENHAGUE

Rendez-vous à midi place de la Nation vendredi 11 décembre. Nous sommes une centaine à attendre l'arrivée des cars. Un ou deux journalistes, des packs d'eau et des pancartes.

Les derniers retardataires sont arrivés, les 3 cars partent vers 15h. La société parisienne à qui les cars ont été loués a visiblement sous-traité. Les bus, délabrés, sont immatriculés en Roumanie, avec des chauffeurs ne parlant que très peu le français. Un petit couinement permanent nous berce tout au long des nombreuses heures de trajet. Rapidement les discussions politiques prennent le dessus sur Taxi 4 et Titanic. L'ambiance est bonne enfant, humour et auto-dérision sont au rendez-vous. Il en faut car le trajet est long... Et les douaniers allemands en rajoutent. Le contrôle de notre car ne prend « que » 45 minutes. Mais le troisième car est bloqué plus de trois heures. Et entre 5 et 8 heures du matin, au réveil, il fait frais à poireauter dehors sans trop savoir ce qui se passe. Nous l'attendons longtemps.

Samedi, midi. Enfin ! Nous y voilà. Le car nous dépose à la gare entre le parc d'attraction et le « climat forum ». On s'habille chaudement, on déplie le drapeau, on sort les pancartes, les autocollants... Il est trop tard pour participer à la marée humaine organisée par les Amis de la Terre. Mais la grande manif doit commencer à 14h. La place du Parlement est le point de départ, dès 13 h elle est pleine à craquer. Les organisateurs annoncent au départ de la manif 100 000 personnes. Et c'est vrai que la manif est hyper compacte. Ambiance détendue, de nombreux Danois sont venus en famille. Ils défilent en vélo avec les enfants dans les petites carrioles accrochées au vélo. On remarque des délégations des quatre coins du monde, Argentine, Japon, Taïwan, Corée, Bangladesh, Sotteville-les-Rouen... Les pays du Sud sont peu représentés, coût des transports oblige.

Le discours est très politique. Les banderoles réclament un autre monde, un changement de système, la fin du capitalisme. Les organisateurs (lesquels ?) ont distribué de très nombreux panneaux « there is no planet B » « climate not profit » « bla,bla,bla... Act now ». La question de la justice et de la dette climatique sont omniprésentes.

Cette manifestation mélange les organisations écolo comme le Réseau Sortir du Nucléaire ou Greenpeace, les autres ONG comme Oxfam et de nombreux courants du mouvement altermondialiste. On note la présence de Via Campesina et de la Confédération Paysanne, de Solidaires, d'Attac, de No Borders, ou la FdGB (les métallos belges). Le cortège du NPA défile avec nos camarades du Red and Green Alliance (parti rouge et vert danois). Un ou deux drapeaux du PG et du PC. Les Verts de France ont oublié les drapeaux.

Alors que le soleil s'apprête à se coucher (à 16h), je retrouve enfin la dizaine de camarades Alternatifs venus en train. Malgré les nombreux textos échangés, il y avait trop de monde pour se retrouver facilement. MacDo est protégé par un long cordon de policiers. KFC un peu plus loin n'a droit qu'à quelques bleus... Non à la discrimination ! La manifestation est très cool et même les poulets danois semblent détendus. Les Black Block font péter quelques pétards et envoient un ou deux pavés. Aucune dégradation. L'ambiance reste très cool.

Et pourtant, la police choisit la provocation. Elle rentre d'un coup au milieu du cortège d'Attac et décide d'embarquer quelques centaines de personnes. En gros, un marceau du cortège où les black block sont d'ailleurs peu présents visiblement. La fin du cortège peut librement contourner et rejoindre le reste de la manif. Histoire de faire monter la pression, on fait aboyer les chiens dans les camions de flics. La semaine précédente une loi avait autorisé l'arrestation massive « préventive ». Quelle démocratie. C'est beau comme du Sarkozy. Et étonnement (?), les médias français insistent beaucoup plus sur ces arrestations que sur l'ampleur de la mobilisation et le contenu.

La manif touche à sa fin, nous n'avons bien sur pas été autorisés à nous rendre jusqu'au Bella Center, lieu des négociations officielles en périphérie rurale de la ville. Il commence à faire froid. Nous manquons de temps pour profiter de la richesse de ce Climat Forum, participer aux débats, aux nombreuses autres actions. Le bus doit partir vers 20h30... juste le temps de boire un café, de manger au climat forum, et on repart pour près de 18h de bus direction Paris.

Benoit Hébert, les Alternatifs, conseiller municipal à Sotteville-les-Rouen, membre du groupe Sotteville à Gauche Vraiment


Communiqué des Alternatifs du 10 décembre 2009

Contre le changement climatique, c'est le système qu'il faut changer !

Une délégation des Alternatifs participera aux débats alternatifs et à la manifestation internationale de Copenhague pour la justice sociale et contre le réchauffement climatique. A cette occasion, des échanges auront lieu avec l'Alliance Rouge et Verte danoise.

La conférence de Copenhague donne lieu à d'innombrables prises de position et émissions de télévision, censées alerter l'opinion sur la nécessité de « faire quelque chose » pour la planète. Mais depuis 30 ou 40 ans, y a-t-il eu une seule réunion internationale qui ne se soit pas donné pour objectif : ne rien changer, mais surtout ne pas le dire ! Aucune mesure adoptée ne doit entraver la concurrence, libre et non faussée, et le commerce mondial.

Comment ne pas être scandalisé par les objectifs dérisoires de réduction des gaz à effet de serre adoptés en 1997 par les pays développés à Kyoto : 5,2% d'ici fin 2012 par rapport à l'année de référence 1990. Tous les climatologues estiment qu'il faudrait diviser par deux les rejets mondiaux avant 2050.

Le marché des droits à polluer, dans la suite de Kyoto, a ouvert une nouvelle bourse, celle du carbone. Le résultat ne s'est pas fait attendre : les maîtres de la finance spéculent au grand jour. Peut-être en fumant des cigares bios !

Malgré un bilan de Kyoto minable, le capitalisme vert continue à être mis en avant, et les adeptes de la croissance verte sont les nouveaux gourous chéris par les médias.

Pour les Alternatifs, c'est le système capitaliste, productiviste, destructeur des vies comme des ressources naturelles qui est en cause. C'est lui qu'il faut changer !



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